Je vous retrouve aujourd’hui pour décortiquer à nouveau des différences. Cette fois-ci nous ne parlerons pas de polices mais de codes couleurs ! Comme pour l’article précédent, je précise que mon ambition est de rendre accessibles des termes et des procédés techniques sans entrer dans leur complexité. Je vais donc détailler ici les 3 grandes familles de codes couleurs les plus connues et utilisées, mais sachez qu’il en existe d’autres. Alors, let’s go, à nous le décryptage du CMJN, RVB et Pantone !

Une très grande majorité des projets que je réalise se solde par une livraison de fichiers que je prépare pour être dédiés à l’impression ou pour être utilisés sur le web. Nous parlerons alors de couleurs en CMJN et en RVB, mais que veulent réellement dire ces acronymes ?

CMJN (CMYK) ou quadrichromie

Acronyme de Cyan Magenta Jaune Noir (ou Cyan Magenta Yellow et Key « clé noire » en Anglais) est le système de couleurs utilisé pour les supports imprimés. Lorsque vous envoyez un fichier à un imprimeur, quel qu’il soit (affiches, cartes de visite, flyer, magazine, menu, faire-part, etc), ce fichier devra toujours être exporté avec les paramètres de couleurs CMJN.

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Ce processus de couleurs est un système de couleurs soustractives. En d’autres termes, cela signifie que le Cyan, le Magenta et le Jaune sont absorbés par le papier pour ainsi créer toutes les autres couleurs. Petit retour en arrière, à l’école au moment de l’apprentissage des couleurs lorsque nous découvrions (de nos yeux ébahis) que le bleu et le jaune formaient le vert, c’est en réalité aussi simple que ça ! Pour bien comprendre le procédé d’impression, il faut imaginer notre feuille sur laquelle 4 couches d’encres viendront se déposer les unes par dessus les autres afin de parvenir à l’image finale. Ainsi, lorsqu’on parle de CMJN, les couleurs sont toujours évoquées sous forme de pourcentage (pourcentages que vous retrouverez dans les chartes graphiques d’un logo par exemple). Cette impression quadrichromie est facile à repérer à l’aide d’un compte-fil (une loupe d’imprimeur) : vous verrez alors la trame des 4 couches de couleurs superposées.

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Un petit problème néanmoins côté impression : la synthèse des trois premières couleurs crée un brun ultra foncé se rapprochant du noir mais qui n’en est pas un pour autant. C’est la raison pour laquelle l’encre noire a été ajoutée à cette combinaison. Il est plus simple de déposer 10% de noir sur la feuille pour créer un gris plutôt que 3 fois 10% de chaque couleur, économie de moyen ! Aussi, cela permet d’éviter les bavures d’encres. 

De plus comme nous pouvons le voir sur l’image ci-dessous, un gris conçu uniquement avec du noir sera toujours plus neutre qu’un gris composé à partir de trois couleurs, qui aurait une légère teinte « colorée » . C’est ce qu’on appelle parfois un gris coloré lorsqu’en création on souhaite réellement utilisé un gris comme celui-ci pour des raisons graphiques. 

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–RVB (RGB) –

Acronyme de Rouge Vert Bleu ( Red Green Blue ) est le système de couleurs utilisé par les écrans, donc pour tout ce qui est digital de manière générale (site web, newsletter, application, livre blanc lu uniquement sur écran, etc). À l’inverse du CMJN, ce processus de couleurs est une synthèse additive puisque la combinaison de ces trois couleurs conçoit le blanc. Mais comment est-ce possible me direz-vous ? La réponse est simple : les écrans utilisent des lumières pour créer la couleur (et non pas des encres comme vous devez vous en douter !). Voici un exemple très simple pour le comprendre : l’écran d’une télévision éteinte est noir car il y a une absence de lumière, dès lors qu’on l’allume ce sont plein de petites lumières qui se mettent en fonctionnement et projettent ainsi des couleurs vives. Lorsqu’elles sont toutes utilisées au maximum, nous obtenons un écran blanc. De cette façon l’écran joue avec les 3 canaux de lumière colorée pour en créer des milliers d’autres.

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De ces deux grandes combinaisons de couleurs c’est le RVB qui peut en créer davantage allant jusqu’à plus de 16 millions de nuances ! C’est pour cette raison que lorsque vous dites à un créatif que vous souhaitez, par exemple, un « bleu mer » c’est très flou pour lui. Il est alors nécessaire que le graphiste vous propose plusieurs pistes de nuanciers pour parvenir à la couleur que vous aviez en tête. Même si le CMJN en produit légèrement moins, le problème reste le même.

Un autre aspect important à prendre en compte : il y aura toujours une légère différence visible à l’oeil nu entre une même couleur dans les deux codes. Et c’est bien souvent à travers les nuances vertes et oranges qu’on peut observer les différences les plus flagrantes. Les couleurs RVB destinées aux écrans sont toujours plus pêchues (du fait qu’il s’agit de lumière) et les couleurs CMJN légèrement plus ternes. De ce fait vous pourrez dorénavant comprendre ce genre de blague imagée de graphiste:

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Mais alors, vous vous demandez certainement comment est-il possible que parfois des supports imprimés aient des couleurs vraiment éclatantes, allant jusqu’au fluo ?

– Pantone (PMS) –

Il se démarque une troisième grande catégorie dont vous pourrez très probablement entendre parler si vous faites appel à un-e graphiste ou une agence de communication : le Pantone Matching System. Il s’agit d’une entreprise qui conçoit des couleurs (donc des encres) difficilement réalisables avec le système CMJN. Vous avez déjà du apercevoir leur logo carré décliné de nombreuses façons créatives, ces encres sont le graal des créatifs. 

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Toutes leurs couleurs sont répertoriées dans un nuancier actualisé chaque année qui coûte environ 1000€ (oui oui!). Le plus gros avantage de cette marque de couleurs, est que les encres sont mélangées en amont dans leur entreprise pour livrer la nuance finale sous forme d’encre. Cette dernière sera donc apposée sur le papier en une seule couche, contrairement au CMJN qui nécessite 4 couches pour parvenir à une nuance. Le nuancier Pantone permet donc d’agrandir la possibilité d’options qu’offre le CMJN, mais aussi d’imprimer des couleurs irréalisables en quadrichromie, telles que les fluos, les flashies ou encore de l’argenté, du doré, des reflets, etc. Attention tout de même à ne pas confondre avec de la dorure à chaud, sujet qui sera traité dans un prochain article. 

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Néanmoins, ce type d’impression reste très onéreux car il nécessite un achat important de la part de l’imprimeur (plaques et encres), qui se répercutera, bien évidemment, sur la facture d’impression. De cette façon l’imprimeur acceptera de réaliser des impressions Pantone à l’unique condition que les tirages soient réalisés en très grande quantité (plusieurs milliers). Ce qui, de toute manière en tant que client, est également la seule condition à partir de laquelle il sera intéressant de l’utiliser.

J’espère vous avoir aidé à y voir plus clair dans ces fameux codes inscrits sur les contrats signés avec un-e graphiste, une agence de communication ou un studio graphique. Je serais heureuse d’apporter plus de précisions sur ce décryptage CMJN, RVB et Pantone si certains éléments vous intéressent. N’hésitez pas à me questionner en commentaire, j’y répondrai avec plaisir.